La vie de François-André Danican Philidor (1726-1795) se partage entre la musique et le jeu d'échecs.
En 1732, il a 6 ans, on le trouve à la chapelle Royale de Versailles (dont il deviendra page). Que font les musiciens en attendant que le Roi vienne à la messe ? Ils jouent aux échecs ! Pendant 4 ans, tous les jours, Philidor regarde jouer les autres sur des tables où s'alignent 6 échiquiers. Un beau matin, un musicien arrivé en retard se plaint de ne pas avoir d'adversaire. Contrarié, il consent à disputer une partie contre Philidor. Vous l'avez deviné. Notre génie gagne la partie. Il a 10 ans. Deux ans plus tard, il compose son premier motet.
Philidor fréquentera le Café de la Régence. Il y fait la connaissance de Sir Legal, qui devient son professeur.
Bientôt, l'élève dépasse le Maître (1755). En battant Legal, Philidor est reconnu comme le plus fort joueur d'échecs de l'époque.
Dès 1749, il publie : "L'analyze des échecs". Un ouvrage augmenté en 1777, puis à nouveau en 1790.
Avec Philidor, le jeu d'échecs change de statut. Il passe du simple divertissement à une science qu'il se charge de théoriser. En devenant le premier joueur d'échecs professionnel puisqu'il vit de son talent (livres, exhibitions, parties à enjeu), Philidor amène le jeu d'échecs sur le terrain du sport, comme le préfigurent les parties en simultanée à l'aveugle contre 3 adversaires qu'il dispute à Londres, et qui servent de prémices aux rencontres internationales du milieu du XIXème siècle.
Philidor passe les 20 dernières années de son existence entre Londres, où il joue aux échecs de Février à Juin, et Paris, où il compose de la musique entre Juin et Février (on trouve son buste sur la façade de l'Opéra Garnier).
Pour Philidor, les pions sont l'âme des échecs.
En 1795, définitivement éxhilé à Londres depuis 3 ans en raison des troubles Révolutionnaires, Philidor rendra la sienne (d'âme).
Cela lui évite d'assister à l'Interdiction du jeu d'échecs prononcée par le Directoire, l'année suivante, en 1796 (réhabilitation en 1804 par Napoléon).