Samuel Barclay Beckett (1906 - 1989), écrivain, dramaturge irlandais - qui écrivait aussi en français - personnage engagé (médaillé pour son action dans la Résistance au cours de la Seconde Guerre mondiale), discret à l'extrême, père fondateur du Théâtre de l'Absurde, Prix Nobel de Littérature (1969), était aussi . . . un joueur d'échecs.
Il nait le 13 avril 1906 à Foxrock (Dublin) dans une famille bourgeoise protestante.
Entre 1923 et 1927, il fréquente le Trinity Collège. Il y apprends le français et l'Italien, la philosophie et s'adonne à la compétition échiquéenne !
En 1925, par exemple (1), il dispute et remporte la Coupe Armstrong, l'une des plus anciennes compétition par équipe au monde (qui débuta en 1888).
Samuel Beckett s'installe à Paris (dans le 15ème arrondissement rue des Favorites) en Janvier 1938.
La guerre s'installe en France l'année suivante.
Le 14 juin 1940, les Allemands entrent dans Paris.
Le 18 juin 1940, le Général de Gaulle lance son Appel depuis Londres.
De mi-juin à Septembre 1940 (2), Samuel Beckett et Marcel Duchamp sont réellement à Arcachon.
Mais, comme le confirme l'article non publié (3) de l'artiste Andrew Hugill "Beckett, Duchamp and Chess in 1930's" qui s'intéresse aux liens entre le jeu d'échecs et l'exercice de leur Art par les protagonistes, les parties d'échecs disputées dans un café face au Bassin sont purement imaginaires ainsi que la non-rencontre avec Alexandre Alekhine.
L'intérêt - bien réel - de Samuel Beckett pour le jeu d'échecs s'explique en partie par la fascination qu'exerce la combinaison d'une grande liberté de création dans un espace confiné aux règles strictes. Autrement dit, l'attrait repose sur le paradoxe entre Liberté apparente et restrictions multiples. Les fins de parties quand à elles, illustrent la vie réduite à l'essentiel, une préoccupation minimaliste très présente chez notre artiste (Samuel Beckett refusera d'aller chercher son Prix Nobel de Littérature mais laissera son éditeur le recevoir pour lui).
Si Samuel Beckett est surtout connu pour ses pièces En attendant Godot (1952), Oh les beaux jours (1963), il est l'auteur de nombreux essais et romans.
Le premier d''entre eux, Murphy, sera publié en 1947 par les éditions Bordas après pas moins de 36 refus !
Le jeu d'échecs y occupe une place de choix avec une parodie - élevée au rang de perversion (4) - de partie d'échecs (un patient et un infirmier jouent dans un asile).
La partie est agrémentée de commentaires fantaisistes faussement techniques. Une fois de plus Beckett nous emmène dans l'absurde, aux frontières du non-sens, mais un peu plus au Sud vers le non-réel ou l'absence de sens . . . de la vie.
(2) Beckett, Duchamp and Chess (1940 à Arcachon)
(3) Mais accessible sur le net Beckett, Duchamp, and Chess in 1930'