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" Pas de réussite sans échecs " --- François VOITURON








by ENJE
Enseignement du jeu d'échecs à l'école

27 mars 2016

FFE : Diego Salazar crucifié ! Léo Battesti ressuscité ?



Week-end de Pâques des plus ordinaires dans le microcosme échiquéen.

L'assemblée générale de la FFE qui s'est tenue ce samedi 26 mars a été l'occasion - à nouveau - d'une série de coups de théâtre. 

Le rapport moral soumis au vote a été rejeté.
Puis, le rapport financier a lui aussi été rejeté.

Dés lors, l'assemblée pouvait-elle poursuivre l'ordre du jour  ?
Difficilement.
Et, effectivement, une motion de révocation du Président - Ad nutum - a été proposée, soumise au vote et . . . adoptée !!!

Diego Salazar, déjà élu par l'effet d'une intervention divine en 2013 - à l'issu d'une campagne électorale longue et riche en attaques Ad hominem - est destitué.

Que s'est-il passé ?
Pourquoi cette décision brutale ?

D'une certaine façon, le résultat de la campagne électorale de 2013 n'a jamais été totalement accepté par la partie vaincue et il n'est pas faux de dire que le mandat de Diego Salazar a été effectué sous haute surveillance, voire suspicion quasi permanente de tous ses faits et gestes.

La campagne électorale fût épique.
Relire les arguments des uns et des autres, 3 ans plus tard, est savoureux.

Rappelez-vous !
Lorsque Jean-Claude Moingt après 2 mandatures réussies passe la main à Henri Carvallo, tout le monde s'accorde à trouver ce passage naturel et bienvenu (On prête à JCM le projet de rejoindre la liste de DSK aux élections présidentielles ce qui explique qu'il écourte son mandat à la FFE). Henri Carvallo a déjà un château dont il s'occupe beaucoup et tout le monde comprends qu'il est Président pour rendre service.
Tutti va bene.
Le passage de bâton s'organise pour permettre à Léo Battesti, vice-président, d'accéder aux commandes en 2013. 
Cette mécanique automatique soulève quelques critiques. Critiques qui mènent à la création d'une liste concurrente.
Mais bon, soyons clair, concurrente mais SANS AUCUNE CHANCE !
On se réjouit de voir la démocratie exister. On remercie presque Diego Salazar d'incarner cette démocratie avec sa "drôle" de liste.

Rien ne se passe comme prévu.
Le programme de Léo Battesti est trop. Trop pro. Trop puissant. Trop ambitieux, peut-être.
Trop incarné par une personne, sans doute. Des piques sont lancées. Elles se transforment en attaques. Rien ne les arrêtera.
Les déçus de tous poils (1) pour des raisons personnelles, circonstancielles ou artificielles, se désolidarisent.


De son côté, Diego Salazar crée la surprise.
Il multiplie les promesses, séduit l'un, puis l'autre. 
On voit tomber dans ses filets des têtes connues (1) (= Aurélie Dacalor qui claquera la porte plus tard et signera une lettre ouverte saignante, André Clauzel). 
Certains en déduisent qu'il a raison ou plus prosaïquement . . . que c'est le bon cheval !
Une chose invraisemblable se produit, alors : une sorte de "pyramide de Ponzi" faite de promesses absurdes se met en place. Chaque promesse, aussitôt avalée, digérée, est suivie par une promesse encore plus forte, épatante. La promesse d'1 million d'euros (pour la formation) - digne d'un canular du 1er Avril - constitue un record dans le genre et un point culminant de la campagne.

Elle est accompagnée par la promesse de créer les fameux "Agents de développement", une invention de la "cellule de développement" laquelle allait jusqu'à auto-proclamer son projet le futur "Diamant" de la FFE . . .

C'est dire à quel point l'enthousiasme des uns débordait dans l'irrationnel.
Et quand l'irrationnel est élu, on se réveille 3 ans plus tard avec une montagne de dettes (2).

Bienvenu dans le monde réel, ami lecteur.
Diego Salazar fait connaissance avec le principe de Peter.
A la télévision, Léo Battesti décline l'idée de prendre la relève (France 3 Via Stella le 19-20)

N'oublions pas ce juste commentaire trouvé sur votre Forum préféré : le pire peut encore arriver.

(2)
Le rapport financier fait état d'un déficit de 170.00 euros contre un bénéfice prévisionnel de 39.000. Grand écart de 209.000 euros.
La perte et son importance trouve des justifications en partie exceptionnelles (indemnités de départs 69 K), mais essentiellement liées à un Prévisionnel trop optimiste (plusieurs Recettes non atteintes, parfois non réalisées à 100%).
Plus grave, c'est le 23 mars, soit 3 jours avant l'AG que les Présidents de Club ont eu connaissance du Rapport de la Commission de Contrôle économique et de gestion qui fait état de Fonds propres négatifs à hauteur de 100.000 euros (en précisant que l'estimation est là aussi optimiste et devrait être portée à 200.000 euros). Un rapport tardif et calamiteux qui a sérieusement entamé la confiance placée par les Clubs dans leur dirigeant.



2 mars 2016

Quand Marcel Duchamp était professeur d'échecs



Marcel Duchamp (1887-1968) était complètement dada (1) du jeu d'échecs.

Resté célèbre pour sa Fontaine (2), Marcel Duchamp était peintre, plasticien, artiste au plus profond de son âme, équilibriste à l'occasion (voir photo). Ami et complice de Picabia et Man Ray, il a exercé une influence majeure sur l'art contemporain minimaliste, conceptuel, et même corporel. Il influence et inspire des courants divers, du Pop Art au Néo-Dadaïsme.

André Breton  le voyait comme "l'homme le plus intelligent du siècle", 

Et le dada de notre Dadaïste ?
Le jeu d'échecs !

Excellent joueur, Champion de Haute-Normandie en 1924, participant au Championnat de France (il réalisa l'affiche de 1925), membre de l'équipe de France aux Olympiades.

En 1918, le voilà sculpteur de pièces d'échecs.
En 1932, il publie "l'opposition et les cases conjuguées sont réconciliées".
En 1933, il traduit "Comment il faut commencer une partie d'échecs".

Publier et/ou traduire un livre, est-ce suffisant pour être professeur ?
Non.
Certes, Marcel Duchamp a déclaré que le jeu d'échecs est l'école du silence (3).
Mais, est-ce suffisant pour être reconnu comme professeur d'échecs ?
Non.

On apprends au détour d'un article de la presse régionale que Marcel Duchamp avait un copain au Lycée Pierre-Corneille à Rouen, Ferdinand Tribout, et que Marcel s'est mis en tête de l'initier aux échecs. Pour arriver à ses fins, Marcel prend un couteau, lacère la table pour créer un échiquier et met un peu de peinture pour les cases noires.
Et voilà notre professeur d'échecs !
La table existe toujours et a été retrouvée.
On imagine à peine ce qui se serait passé si Marcel avait voulu créer un échiquier . . . mural.

Marcel Duchamp nous laisse une déclaration célèbre (banquet de l'association d'échecs de New-York, en 1952) : 

"Objectivement, une partie d’échecs ressemble beaucoup à un dessin à la plume, avec cette différence que le joueur d’échecs peint avec les formes blanches et noires déjà prêtes [allusion au ready made], au lieu d’inventer des formes comme le fait l’artiste. Le dessin ainsi élaboré sur l’échiquier n’a apparemment pas de valeur esthétique visuelle, et ressemble d’avantage à une partition de musique, qui peut être jouée et rejouée. Dans les échecs la beauté n’est pas une expérience visuelle comme en peinture. C’est une beauté plus proche de celle qu’offre la poésie ; les pièces d’échecs sont l’alphabet majuscule qui donne forme aux pensées ; et ces pensées, bien qu’elles composent un dessin visuel sur l’échiquier, expriment leur beauté , comme un poème. En fait, je crois que tout joueur d’échecs connaît deux plaisirs esthétiques mélangés : l’image abstraite apparentée à l’écriture, et le plaisir sensuel de l’exécution idéographique de cette image sur l’échiquier. Mes contacts étroits avec les artistes et les joueurs d’échecs m’ont induit à conclure que, si tous les artistes ne sont pas des joueurs d’échecs, tous les joueurs d’échecs sont des artistes".

Nous terminons par une partie d'échecs disputée en 1923 contre Edgar Colle (sextuple Champion de Belgique et inventeur du système Colle).

(1)
Le mouvement Dada - intellectuel, littéraire, artistique - fête ses 100 ans.
Avoir un dada = avoir une idée fixe, une manie, un hobby.
(2)
(3)


Marcel Duchamp et Man Ray (1924) Toit du théâtre des Champs-Elysées