Preuve que la langue française est bien vivante, elle intègre de nouveaux mots chaque année. En 2020, le petit Larousse en a introduit pas moins de 150 !
Le mot "échémeride", tout droit sorti des pages blanches du magazine Route 64, est une belle trouvaille. Encore faut-il respecter la définition que l'on a soi même fixé : La rubrique indique un événement échiquéen arrivé le même jour de l'année à différentes époques.
La gageure n'est pas mince. Et la qualité rédactionnelle d'une telle rubrique ne pouvait à terme que s'avérer très disparate.
La lecture proposée pour le 22 mars est un quasi chef d'oeuvre.
On y annonce au 22 mars 1745, de façon pour le moins ambiguë, soit la possibilité d'une partie d'échecs entre Philidor et Rousseau (tous deux habitués du Café de la Régence), soit, et plus vraisemblablement si l'on se réfère au visuel d'accompagnement, la sortie de l'opéra-ballet Les Muses Galantes.
Il est précisé que la coopération fût pour le moins conflictuelle et aussi que Rousseau tînt Philidor responsable de l'échec de cette création.
Tout est inexact dans cet échimérique échémeride.
Dans ses Confessions, Rousseau évoque sa collaboration avec Philidor :
Il restait seulement quelques accompagnements et remplissages à faire. Ce travail de manoeuvre m’ennuyait fort, je proposai à Philidor de s’en charger, en lui donnant une part de bénéfice. Il vint deux fois et fit quelques remplissages dans l’acte d’Ovide, mais il ne put se captiver à ce travail assidu pour un profit éloigné et incertain. Il ne revint plus et j’achevai ma besogne moi-même.
Pas l'ombre d'un conflit.
Et s'il avait fallu choisir un jour, le 9 juillet 1745 qui marque l'achèvement de la pièce eut été préférable (source BNF).
Le seul conflit né autour des Muses Galantes est la naissance d'une opposition marquée entre Rousseau et Rameau qui se prolongera par la querelle des Bouffons (1752-1754).