Oublions un moment le Trump-Trump quotidien et les attaques virulentes lancées par les candidats à l'élection de la FFE (article titré : "le Trump des échecs : Intoxication et démagogie pour la conquête du pouvoir fédéral ").
Et voyons de plus près l'annonce de l'un des candidats selon laquelle Pauline Kergomard aurait fait : "inscrire en 1887 le jeu d'échecs au programme officiel des écoles maternelles".
A l'origine de cette fausse information reprise par quelques clubs d'échecs depuis plusieurs années on trouve, semble-t-il, un mémoire rédigé en 1993 (Laurent Petitprez). Ouvrage mal lu, et mal copié.
Qu'en est-il ?
Si Pauline Kergomard (1838-1925) a véritablement inventé l'école maternelle, il convient de rappeler le contexte de l'époque et insister sur le fait qu'il a fallu attendre la fin du XIXème siècle pour voir des avancées sociales majeures :
> 1800 Premiers hospices pour les enfants abandonnés de moins de 12 ans
> 1841 Loi interdisant le travail des enfants de - de 8 ans !
> 1889 Loi de protection des enfants (retrait de la famille si maltraité)
> 1892 La journée de travail d'un enfant passe de 16 heures à . . . 12 heures !
Pauline Kergomard s'est intéressée à la situation des enfants de 2 à 6 ans et au projet pédagogique de l'éveil par des activités ludiques. Son idée d'instaurer un lieu éducatif pensé pour le développement de l'enfant avant l'entrée à l'école était purement visionnaire et révolutionnaire.
Elle a effectivement déclaré que le jeu était : "Le travail de l'enfant, son métier, sa vie".
Mais, bien évidemment, elle n'a jamais parlé du jeu d'échecs !
Les jeux évoqués et pratiqués en maternelle à cette période sont plutôt la balle, les billes, la toupie, . . .
Pour être tout à fait précis, revenons d'ailleurs sur le texte du décret du 18 janvier 1887 :
Art. 4 - L'enseignement dans les écoles maternelles et les classes enfantines, comprend :
1. Des jeux, des mouvements gradués accompagnés de chants ;
2. Des exercices manuels ;
3. Les premiers principes d'éducation morale ;
4. Les connaissances les plus usuelles ;
5. Des exercices de langage, des récits ou contes ;
6. Les premiers éléments du dessin, de la lecture, de l'écriture et du calcul.
Comme on le comprends, l'extrême légèreté avec laquelle une information a d'abord été copiée avant d'être déformée puis reprise jusque dans le programme d'un candidat à l'élection pour la Présidence de la Fédération Française des échecs est saisissant et assez éloigné de l'idée que l'on peut se faire d'un "développement qualitatif des échecs auprès des enfants".
Heureusement, en ce 20 novembre, journée nationale de défense et de promotion des droits de l'enfant, une vérité historique sur l'Histoire de l'enseignement du jeu d'échecs à l'école a été rétablie.