Le clair-obscur est une pratique artistique qui remonte à la Renaissance.
Définition : le monde terrestre est plongé dans l’obscurité tandis que l’intrusion divine se signale par la lumière de l'action. Ce procédé permet d’augmenter la tension dramatique, de figer les attitudes à un moment précis, de mettre en volume les personnages et de donner l’illusion du relief.
Le photographe Jean-Philippe Riant nous offre une version échiquéenne très
réussie.
COMPOSITION
L’image propose deux univers.
Un intérieur, avec une pièce dont la limite est une porte vitrée. On y
voit de jeunes joueurs d’échecs retranchés dans l’ombre. La lumière
portée sur les échiquiers se dirige vers l’extérieur.
La lecture visuelle nous invite à considérer que l’on voit le jeu mais que
l’on ignore ce qui se passe dans la tête des joueurs.
Un extérieur, que l’on devine être une cour de récréation. Un visage à la
fenêtre regarde les parties jouées à l’intérieur.
La lecture proposée est celle d’un reflet de notre propre vision. Le
visage observe comme nous, les joueurs.
AMBIANCE
Il règne dans la pièce une agitation en apparence désordonnée.
A l’extérieur, le visage solitaire semble enfermé dans une bulle de
silence.
C’est un paradoxe.
Il est difficile d’échapper à cette réflexion : en général, les
enfants jouent dans la cour de récréation et le maître reste seul en classe.
C’est donc un moment inversé qui nous est proposé, en écho à la dualité du
jeu d’échecs et à ses oppositions noirs-blancs.
Mieux, l’image fait ressortir à la fois le caractère ludique du jeu et le
regard sérieux posé sur le jeu d’échecs.
DÉTAILS
Dans sa version la pus aboutie, Jean-Philippe Riant préfère un
clair-obscur poussé à ses limites.
Nous préférons la version qui laisse voir les détails – très fins et attachants
– des mains, et des attitudes.
Au premier plan et premier échiquier, une main est suspendue dans un geste
caractéristique du joueur qui vient d’appuyer sur sa pendule.
Troisième échiquier, un joueur fait reposer sa tête dans ses mains dans
une attitude de réflexion.
Un peu partout, semble-t-il, des mains soulèvent des pièces.
Et, curiosité, le geste le plus net est celui du dernier échiquier avec un
mouvement déterminé et élégant d’une très jeune fille.
Jean-Philippe Riant | © 2010 Paris